SON ENSEIGNEMENT ET SA PENSÉE
A travers la vie de Papa Simon KIMBANGU, la mission du Seigneur Jésus-Christ est comprise non seulement comme un événement historique, mais aussi comme une réalité actuelle et vivante dans la vie du négro-africain d’abord et de toute l’humanité ensuite.
Car, les contemporains de Papa Simon KIMBANGU ont vu Christ qui les guérissait, les exhortait, les guidait et leur était aussi proche par les œuvres immenses accomplies en son Nom par Papa Simon KIMBANGU.
Est-il que les missionnaires ne se mettaient à prêcher que « l’Evangile sur Christ », c’est-à-dire qu’ils n’ont fait que prêcher ou présenter un « Christ historique » et non vécu en ne vantant que sa personne, ses miracles, sa vie au lieu de parler du contenu réel de son message et le rendre vivant dans la vie des Noirs pour que ceux-ci prennent conscience de leur identité, de leur sort misérable afin qu’ils recourent à Jésus-Christ pour être réhabiliter de cette léthargie spirituelle qui les caractérise dans tous les domaines de la vie. C’est pourquoi dans sa vocation, le Seigneur Jésus-Christ dit à Papa Simon KIMBANGU : « Mes serviteurs sont infidèles et je t’ai choisi pour paître mon troupeau ».
L’infidélité des Missionnaires résidait à deux niveaux :
– primo, comme l’écrit le sociologue Balandier : « d’autre part la manière dont le christianisme s’est imposé aux africains doit être mise en cause : il s’est exprimé par l’intermédiaire d’Eglises multiples et rivales ; il est arrivé divisé et porteur de divisions »(). Et cette multitude de religions, de congrégations, de communautés parfois contradictoires qui se sont imposés de manière consciente ou pas à l’Africain n’a pas manqué à influencer son Moi individuel et collectif.
– Secundo, l’Evangile fut utilisé par eux comme instrument devant faciliter l’occupation coloniale. Si bien que la Loi royale de l’amour du prochain n’était pas vécue par eux qui pratiquaient plutôt la haine du prochain par l’esclavage (la Traite négrière) et la colonisation. Une encyclopédie britannique écrit exactement ceci concernant la pratique de la Traite des Noirs : « Pour leur plus grand malheur, les africains furent réduits à l’esclavage en Amérique par les chrétiens qui, ne pouvant plus allier leurs croyances et la pratique de l’esclavage, remodelèrent leur conception du Noir pour ne voir en lui qu’un bien de consommation et non un être humain habileté à jouir de ses droits et de la liberté »().
Ces fléaux sociaux ont servi de tampon pour réduire la personne du Noir qui finalement s’est aliéné et plongé dans le fatalisme, qu’il a perdu même confiance en soi…
MESSAGE VIVIFIANT ET REVOLUTIONNAIRE
En effet, les valeurs religieuses prônées par l’Evangile de Christ sont profondément africaines : la vie commune, l’amour de Dieu et du prochain, l’hospitalité, la supériorité de l’Etre absolu sur les esprits et les hommes vivants, la croyance à la vie éternelle dans l’au-delà, etc. Ces notions font parties de la vie du négro-africain. L’Africain a dans son Moi l’Evangile.
Ainsi Papa Simon KIMBANGU élu pour prêcher l’Evangile à ses frères de race a ravivé ce qui était endormi dans l’homme noir ; il a refait en quelque sorte l’Eglise de Christ en perte de saveur de sel de la terre due à une évangélisation déformée et stérile des missionnaires.
Son message était aussi vivant que dans peu de temps, il permit la prise de conscience de l’état général de ceux qui l’écoutaient ; un état de divers complexes : la misère, l’aliénation, le manque des dons d’innovations, l’incompétence intellectuelle, etc.
Dans son message, il condamne la polygamie et l’adultère sous toutes ses formes, la sorcellerie révélée par lui comme le premier péché adamique et qui met un frein au développement en réduisant l’homme et son environnement à l’état chaotique et d’inertie, les fétiches, les danses licencieuses, la violence, le tabac et toutes les drogues, l’alcoolisme et toutes formes d’assujettissement de l’homme. Il a recommandé le respect de l’autorité de l’Etat, entre autre en contribuant à l’impôt. Selon Lui, construire partout où l’on se trouve, c’est rebâtir le Paradis terrestre selon le dessein de Dieu. Il recommande une morale strictement chrétienne et réglée : l’amour du prochain et même son ennemi, la non-violence. Il prêche un Evangile de libération totale de l’homme, un Evangile de lutte contre toute forme d’aliénation et d’oppression assujettissant l’homme dans sa double nature : physique (esclavage, colonisation, dominations diverses) et spirituelle (joug satanique, joug par des pratiques occultes).
A travers le ministère de Papa Simon KIMBANGU, ses contemporains ont vécu un Christianisme appliqué.
KIMBANGU : ACTUALITE DE SA PENSEE
Même si Papa Simon KIMBANGU n’a pas développé directement des thèses politiques radicales, il demeure tout de même à la base de la résistance au colonialisme et à toute action déshumanisante qui réduise l’homme noire à l’aliénation mentale. Il ressort de cela qu’il a été attentif aux problèmes de la société.
L’époque actuelle est caractérisée par l’essor vertigineux des innovations technico-scientifique et, à côté, par celui de la dégradation des valeurs humaines : des crimes, des actes de violences et de terrorisme, l’impudicité, les pratiques hors-usages… La science au lieu de servir au bonheur de l’homme, mais bien au contraire, elle l’écarte de son créateur ou l’aliène. Des efforts sans aboutissement sont consentis par des gouvernements pour la solution à ces fléaux. Et pire, la plupart de confessions religieuse ont tendance à « moderniser » ou à « démocratiser » Dieu pour s’adapter à la société en perpétuels changements et se conformer aux caprices des fidèles modernes rétrogrades. Plusieurs dénominations religieuses ont terni la valeur normative de la loi divine par quoi se manifeste pourtant l’autorité de Dieu. La société également se débarrasse de l’autorité de Dieu et se forge son chemin à elle. Et on se retrouve dans une société où l’outrance aux mœurs, à la pudeur, à la liberté humaine s’accentue et l’insécurité et les tensions augmentent au jour le jour. A l’origine de ces problèmes et tensions, il y a cet afflux de courants de pensée tels que : – l’humanisme scientifique et le scientisme (les inventions technico-scientifiques au lieu de créer le bonheur à l’homme, le plonge dans un état d’aliénation. Il s’est aliéné à la machine, à l’industrie, à la technologie et même à sa production. On se confond à la machine, à la science et on perd les qualités et les valeurs d’hommes) ; – l’esclavage et la colonisation (ces deux fléaux sociaux ont fait apparaître deux types de complexe : celui de la domination occidentale et de l’impuissance des anciens colonisés. Partant deux mondes différents : le différent-plus et le différent-moins. Et contact de ces deux mondes, le différent-moins est écrasé. Il se crée une forme de dictature occidentale à l’égard de ce monde pauvre, dépendant, moins valu. Cette inégalité joue aussi beaucoup sans se rendre compte à la crise économique et financière mondiale ; – il y a également le matérialisme, le communisme marxisme, le relativisme, etc.
En 1921, Papa Simon KIMBANGU avait prédit la construction d’un grand Temple à Nkamba dont l’inauguration sera un repèrespirituel dans le temps. Selon lui, « la période qui suivra son inauguration sera celle de grands bouleversements spirituels… car les fondements spirituels et moraux du monde, tels que nous le connaissons aujourd’hui seront profondément ébranlés »().
Depuis le 6 avril 1981, ce Temple a été inauguré et quelques années après nous sommes entrain de vivre divers bouleversements sociaux et idéologiques (effondrement du communisme, chute du mur de Berlin, éveil démocratique en Afrique, etc.)
Parmi plusieurs prédictions, nous présentons celle qui a beaucoup bouleversé les colons. Il prédit en 1921, le « Noir deviendra Blanc et le Blanc deviendra Noir ». Loin d’une transformation de la peau, mais dans sa pensée, il bannit l’idée de la démarcation entre les races de la terre, entre les deux mondes (Nord et Sud) qui sont en contact où l’un est caractérisé par l’esprit de domination (Occident) qui écrase et impose sa pensée , sa religion, sa culture, et que l’autre (l’opprimé ou le Noir), aliéné, frustré et écrasé, caractérisé par son état de dépendance dans tous les domaines (économique, financière, socioculturel) est à la traînée du premier.
Papa Simon KIMBANGU voulait dire qu’au moment fixé par Dieu, l’homme Noir sera maître de son sol (avec les indépendancespolitiques) et le Blanc sera contraint d’obéir aux ordres des responsables Noirs.
Il réveilla la prise de conscience des Noirs de leur identité, de leur sort et leur redonne la dignité qui leur permettra de transcender cet état socio-spirituel rétrograde et redevenir « Homme » tel que Dieu l’avait créé à son « image » et à sa « ressemblance ». A cet état, le Noir fera des inventions comme les autres races de la terre. Ce qui favorisera un climat d’échange pour que chacun se suffise de lui-même et de l’autrui.
Pour Papa Simon KIMBANGU le développement n’est possible que quand on se prend en charge à partir de ses potentialités et qu’on se méfie de l’esprit de dépendance totale à autrui. Et, le modèle de société que Papa Simon KIMBANGU présente à l’humanité est celui dont les structures doivent être basées sur le triptyque de l’amour, du respect des Dix Commandements de Dieu et de la mise en pratique de bonnes œuvres et du travail bien fait.
?MALUNDAMA MUADI SIMON
(Papa SYIS)
DIACRE