PAPA DIANGIENDA KUNTIMA JOSEPH GRAND ARTISANT KIMBANGUISTE. 

La naissance de quelqu’un est pour un sociologue la pénétration de celui-ci dans l’histoire de l’humanité. Surtout quand celui-ci marque pendant son passage terrestre des empreintes décisives pour la transformation sociale, il devient mémorial. A ce moment-là, il reste présent… présent par ses œuvres. 

Pour Christ, pas seulement par les œuvres matérielles et visibles, mais par la foi en Lui, on reste vivant. Même si on meurt, celle-ci n’a pas de pouvoir sur le chrétien qui a vaincu.  

Le 22 mars 1918, à Nkamba dans le foyer de Papa Simon Kimbangu et son épouse Maman Marie Mwilu Kiawanga Nzitani, est né le bébé nommé Diangienda Joseph. 

Désormais, Papa Diangienda Kuntima Joseph dont le nom évoque son destin s’est introduit dans l’histoire des hommes à qui petit à petit il s’est révélé. 

Les sages du village de Nkamba s’attendaient pourtant par cette naissance à quelque chose d’autre suite à une révélation de son Père Simon Kimbangu dite en 1910 quand il leur avait dit : « Je renaîtrai en 1918 ». Assurément et conformément à la conception bantoue, la venue du nouveau-né devrait être accompagnée, avant ou après, par le décès de son Père, pensaient-ils. Mais, le cas échéant a offert à l’humanité une donnée nouvelle du secret divin : « l’existence de deux personnes physiques (en chair), mais qui forment qu’un seul Êtrespirituel ». C’est un mystère du Saint-Esprit qui s’ajoute dans la liste des concepts théologiques. 

En plus de ce mystère, sa naissance coïncidait avec la fin de la Première Guerre Mondiale de 1914-1918. Loin du hasard, ceci caractérise son destin et son être durant son passage terrestre dont les mérites témoignent : « Champion de la Paix », « Garage de la Paix », « Source des sources », … 

Comme ses deux autres frères, bien que les différentes apparitions corporelles de leur Père Simon Kimbangu suffisent pour leur procurer consolations et assistances, il n’a pas savouré le bonheur de l’affection paternelle suite à l’emprisonnement de son père trois ans après sa naissance (12 septembre 1921).  

 PAPA DIANGIENDA : HOMME-ARCHITECTE 

      Voici certaines citations de Papa Diangienda telles que : 

« Après s’être échappé du pays de l’esclavage, le Kimbanguisme, qui a traversé le désert, est enfin arrivé en terre promise. Demain, une génération qui n’a pas vécu en Egypte en prendra la relève. Les risque d’échouer sont minimes, et c’est là la consolation, car des dispositions ont été prises afin que demain le Kimbanguisme puisse, dans l’harmonie et la cohésion, atteindre de nouveaux sommets, spécialement en ce qui concerne sa spiritualité » (1

« Le jour que le Bon Dieu décidera que je quitte ce monde, j’espère qu’à partir de ce moment-là les choses marcheront d’une autre manière. Et je me permets quand même de vous signaler que tous ceux qui contribueront à changer la physionomie de l’Eglise Kimbanguiste, auront des difficultés incroyables et il y en a qui seront exécutés, même lapidés pour ne pas avoir suivi à la lettre ce que le Bon Dieu à voulu » (2

Ces citations de Papa Diangienda Kuntima nous démontrent le degré d’optimisme qui l’animait et la grandeur de sa conviction sur les bases solides qu’il a posées comme un sage architecte du Kimbanguisme. Son assurance sur la qualité du travail abattu pendant son ministère et son espérance à la prospérité de cette œuvre pour Christ à laquelle il a supporté injures, sarcasmes, railleries, blessures morales et toute forme d’humiliation lui ont valu la considération de l’« Homme architecte ». 

C’est ainsi que sans ambages, Papa Dialungana son successeur s’exprime concernant la physionomie de l’Eglise : « je n’ajoute rien et ne retranche rien de ce que Papa Leki (Diangienda) a laissé ». 

En d’autres termes, le fondement doctrinal et structural du vrai Kimbanguisme est celui qui a été posé par Papa Diangienda Kuntima et, tous doivent y bâtir dessus. Personne ne peut poser un autre fondement, sinon que d’être déviationniste (1Cor 3 : 10-11). 

         PAPA DIANGIENDA : HOMME-ECOLE 

Une simple observation de sa vie quotidienne suffit pour en tirer des leçons pour soi. 

D’abord, à le voir, c’est un homme assidu à la vie de prières et des sacrifices qui font de lui le modèle d’un véritable Homme de Dieu. Il a su descendre de son échelle de dignité pour rechercher ne fut-ce qu’une seule brebis en déroute ou en perdition.  

Même à l’âge avancé, il n’a pas perdu son charme de bon chanteur à la voix alto qui est devenu pour les Kimbanguiste la « Voix de Papa ». 

Habitant le quartier le plus populaire et modeste de la Ville de Kinshasa, dans son souci permanent de se préoccuper aux problèmes sociaux et spirituels de son temps, il recevait sans audience tout le monde sans distinction aucune d’age, de sexe ou de classa sociale pour leur procurer bénédiction et guérison. 

Chez lui, « la volonté de donner surpasser celle d’être servi ». Tout le monde qui l’a approché témoigne de cet esprit de libéralité qui l’animait. C’est pourquoi, les Kimbanguistes le considéraient vraiment comme leur « Papa », c’est-à-dire celui qui leur présente une affection vraiment fraternelle, qui est prêt à satisfaire leur besoin et même à donner sa vie pour eux. (Jn10 :11)  

Pendant les heures libres, ce sont les travaux de camps qui étaient son apanage de lutte contre la pauvreté et le joug de la dépendance. A cela, l’on a compris que l’agriculture est la base, le point de départ de toute autonomie et tout processus de l’expansion économique. 

Il était le véritable ennemie de l’esprit de dépendance oisive. Dans son idéal, il faut d’abord faire un pas, il faut d’abord commencer… S’il faut que les gens de bonne volonté veulent vous assister, ils ne feront qu’un appui sur l’effort déjà consenti. Quémander même auprès d’un Gouvernement ou un Organisme tant national qu’international où que soit érigée l’Eglise Kimbanguiste, était prohibé pour lui. 

       PAPA DIANGIENDA : MESSAGER DE DIEU 

A chaque génération spirituelle, pour parler à son peuple ou pour exercer son jugement, l’Eternel se sert d’un Messager comme un instrument qui annonce sa volonté. 

Le Messager de Dieu est aussi celui par qui le peuple passe pour consulter ou solliciter la bénédiction de son Dieu. Auprès de ses contemporains, il n’a plus de vie singulière, car tout devient pour le service du Seigneur ; même sa vie quotidienne. Aussi, sert-il de « signe » et de « présage » pour son peuple. (Es 8 : 18 ; Ez 12 : 6, 11

Papa Diangienda ne s’est pas attribué ou arraché cette dignité de Serviteur de Dieu par une formation pastorale ou théologique. Mais, il l’est par celui qui a déclaré : « je renaîtrai en 1918 »  

C’est ce qui explique que sept ans après le décès de Papa Simon Kimbangu, à la même date de son apparition à Lowa auprès de ses Disciples (le 29 juillet 192), le mardi 29 juillet 1958 à 7h00’ du matin, Papa Diangienda avait connu un accident mortel à Kunda Masangu(aujourd’hui l’endroit est appelé « Lukulu », qui, se traduit en français par « Rachat » sur la route allant vers Boma où il devrait visiter son frère aîné Papa Charles Kisolokele Lukelo. 

En dépit de toute considération, le ministère de Papa Diangienda Kuntima est tout à fait spécial, car ses messages, ses propos ou ses homélies pleins de prophéties concernaient non seulement le présent et le futur, mais contenaient également des révélations sur des secrets célestes et des énigmes que depuis l’histoire la plus reculée n’ont jamais été comprises par les croyants (Dan 12 : 9 ; Jn 16 : 12-13), tels que : 

• le mobile réel de la révolte de Lucifer au ciel 

• le premier péché d’Adam et Eve 

• le cause de la léthargie de l’homme noir pour se développer … 

Ainsi, un Serviteur du Très-Haut qui révèle le passé incompris et même ce qui s’est passé dans le monde céleste est plus qu’un prophète dont la mission n’est que pour le présent et le futur. Ceux qui l’ont entendu parler et l’ont vu en action ont savouré la présence de Dieu parmi les hommes camouflée dans son humanité. 

Dans un langage pédagogique très varié, riche en paraboles et symboles cimenté par des références bibliques, Papa Diangienda a su amener ses auditeurs à transcender vers le monde spirituel et acquérir la sagesse d’en-haut qui échappe à la raison humaine. « Au fils de l’homme, l’instruction en paraboles », ne cessait-il pas de répéter aux fidèles. 

Au moyen des symboles et des images, il a présenté des messages prophétiques et apocalyptiques qui proclament l’actualité du dessein de Dieu pour le Congo, l’Afrique et l’humanité toute entière, c’est-à-dire le mobile des événements ténébreux et désespérés qui touchent tous les aspects de la vie de l’homme, individuelle ou communautaire, et la possibilité offerte par Dieu pour s’en sortir. 

Papa Diangienda a vécu dans la période où l’automatisation de la science et le libéralisme d’opinions ont touché toutes les activités humaines. Si bien qu’il y a eu multiplication des courants de pensées, sectes et des doctrines religieux parfois contradictoires utilisant tous l’arsenal du marketing (publicité, campagnes publiques sur les grandes places, des affiches et banderoles, …) à la recherche des néophytes ou pour s’accaparer des fidèles des autres communautés. 

Ce n’est plus le mystère du Saint-Esprit qui agit, qui convainc pour augmenter le nombre des fidèles, mais il faut du véritable marketing par l’exaltation de gloriole. Des géants en marketing aux arguments persuasifs sont recrutés. 

 Or, comme la publicité, par son role, sous-entend une concurrence sur le marché, une surestimation de soi, de sa maison et une médisance des autres (considérés comme concurrents). La publicité par son action trompe la vérité. 

Ainsi, plus l’évangélisation devient concurrentielle, des Communautés, des Groupes de prière, des Sectes, des Maisons occultes se multiplient davantage et la vérité se terni ou est jeté quelque part. 

C’est dans une société pareille que Papa Diangienda a vécu ; une société où les yeux des gens sont aveuglés par cette fourmilière des doctrines contradictoires entre-elles, où la contrefaçon est voilée derrière les « guérisons-miracles », les « parler en langue », les « prédictions ». 

C’est ainsi que son ministère n’a pas été facile. Dans la mesure où souvent ses prophéties et enseignements allaient en contre-courant des attentes, des opinions ou des convictions religieuses, philosophiques et même politiques de son temps, il a été buté à une résistance de ses contemporains. Incompris, Papa Diangienda fut l’objet des graves injures et railleries : « grand sorcier », « chef des sorciers », « magicien », « franc maçon » « vampire », « voleur » … (Mt 10 : 25 ; 23 : 29-32 ; Lc 6 : 26

  PAPA DIANGIENDA : PENSEUR – PHILOSOPHE 

Il est vrai que papa Diangienda n’a pas organisé une école des penseurs ou un cercle philosophique. Mais, à l’entendre parler, de façon désintéressée, lui qui était préoccupé au sort d’un peuple aliéné et toujours à la remorque des autres qui lui sont semblables, il a émis des réflexions qui, parfois critiques, ont mènent ses auditeurs à accéder à de nouvelles connaissances de la réalité de leurs conditions vitales, de leur role dans l’univers afin de savoir évaluer leur envie de s’intégrer dans un monde de valeur, souvent importée, où ils veulent se projeter. 

C’est ainsi que, parfois, il n’a pas été chaud face aux vagues des concepts venant de l’Occident et qui traînent les Noirs africains en les déshumanisant sous une forme lente du Néocolonialisme déguisé : « conférence nationale souveraine » « démocratie », dont il qualifia d’ailleurs de « poison à retardement ». 

En outre, par son habituelle question : « d’où est venu l’homme Noir ? », il a poussé les gens à la recherche du mobile ontologique du sort de l’homme Noir qui, jusqu’à présent, reste stationnaire, aliéné et caractérisé par diverses formes de complexes. 

Quant à lui, il a émis une nouvelle théorie de la destiné humaine et du Noir en particulier. Pour qu’il y ait déclenchement du processus de désaliénation de l’homme Noir, où qu’il soit, il faut d’abord que ce dernier retrouve le point de départ de son dérapage, de sa « perte d’identité et du pouvoir divin » étant la première créature de Dieu par Adam et Eve qui furent des Noirs. 

Cette recherche par immanence, c’est-à-dire du retour à l’état original en retrouvant sa « vraie identité » d’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, conduira à l’étape de la transcendance par la recherche du « Royaume de Dieu », et enfin, à l’application du triptyque de l’amour, le respect des commandements de Dieu et la pratique des bonnes œuvres. 

 Sé/ Simon MALUNDAMA MWADI (SYIS)

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